2015 : Rapport Hyper Cycle de Gartner Inc.

Le rapport Hype Cycle 2014 de la société Gartner pour l’analyse des technologies émergentes met l’accent cette année sur les technologies de pointe dotées d’une super-intelligence qui avoisine celle de l’humain. Il confirme ainsi l’annonce de l’informatique symbiotique et des matériaux intelligents que préconise la recherche scientifique. Pour 2014, les technologies émergentes sont plus versées dans le biologique et le sensoriel dans une volonté persistante du monde de la recherche et de la robotique à créer l’univers symbiotique.

Depuis 2005, et en juillet de chaque année, Gartner Group – qui est une entreprise américaine de conseil et de recherche dans le domaine des techniques avancées fondée en 1979 à Stamford-USA – publie un rapport annuel pour analyser les principales technologies émergentes sur une durée d’évolution entre deux, cinq et dix ans. Le rapport inclut une courbe de mesure (Courbe Hype Cycle) constituée de cinq niveaux d’évolution croisés entre les deux critères de visibilité et de maturité. Ces cinq niveaux, ou phases, sont :

  1. Technology Trigger” : phase qui correspond à l’arrivée sur le marché d’un nouveau produit ou d’une nouvelle technologie.

  2. Peak of Inflated Expectations” : phase qui correspond à une médiatisation à outrance et généralisé du produit ; un phénomène de Buzz médiatique qui donne lieu à des attentes assez souvent exagérées et peu probables.

  3. Trough of Disillusionment” : phase durant laquelle une nouvelle technologie entre dans le  « creux de désillusion » parce qu’elle ne parvient pas à répondre aux attentes et devient donc vite démodée. Alors les médias s’en détournent et le produit entre dans une période de remise en cause, de réajustement et de correction de ses propres bugs. Certains produits disparaissent dans cette phase, mais beaucoup d’autres réussissent leur maturité et entament l’ascension de la pente de l’illumination.

  4. Slope of Enlightenment” : pendant cette phase, bien que la presse ait peut-être cessé de couvrir cette technologie, certaines entreprises continuent à l’expérimenter pour comprendre ses avantages et ses pratiques lui permettant ainsi d’emprunter la « pente de l’illumination ».

  5. Plateau of Productivity” : phase pendant laquelle une technologie atteint le “plateau de productivité” lorsque les bénéfices qu’elle procure deviennent largement démontrés et acceptés. La technologie devient dès lors de plus en plus stable et évolue dans une deuxième puis troisième génération. La hauteur finale du plateau est variable suivant que la technologie est largement applicable ou au contraire ne bénéficie qu’à un marché de niche.

La courbe du rapport annuel 2014 reflète une série de nouveautés intéressantes à signaler : « la sécurité numérique », « le foyer connecté », « l’homme augmenté », « l’interface cerveau-machine », etc. La courbe reflète également l’arrivée d’autres technologies sur le « pic des attentes démesurées » comme la « traduction orale/orale », « l’Internet des objets », les « Question/réponse en langage naturel », etc. On y observe d’autres techniques qui commencent leur descente vers le creux de la désillusion dont les « Big Data », le « Content Analytics », le « Cloud computing », etc. D’autres techniques comme la « réalité virtuelle », le « contrôle gestuel » et « l’analyse des mémoires internes » commencent pour leur part l’ascension de la « pente de l’illumination » prouvant ainsi leur survie au creux de la désillusion précédent. Quelques technologies plus stabilisées comme « la reconnaissance vocale » et les « scanners 3D » ont par contre atteint le « Plateau de la productivité ».

Comparé à 2013, la courbe de 2014 révèle aussi plusieurs évolutions importantes parmi les technologies émergentes comme l’Internet des Objets (concept qui désigne l’intégration de tout appareil interrogeable ou contrôlable à distance, dans le monde du Web). En peu de temps, l’Internet des objets atteint rapidement le stade des attentes exagérées au sommet de la courbe. Ce phénomène explique l’engouement général pour les objets connectés et leur diffusion dans toutes les catégories sociales et professionnelles.

Le deuxième phénomène à observer sur la courbe 2014 est l’évolution du Big Data qui, en 2013, était quasiment au plus haut du pic des attentes exagérées. En 2014, le concept de Big data entame une descente vers le creux de la désillusion expliqué par le fait que nombreuses entreprises commencent à proposer leurs premières solutions Big Data et donc le concept technologique quitte relativement le devant de la scène médiatique. Le Cloud computing, une technologie qui a précédé celle des Big data, arrive au fond du creux de la désillusion mais se prépare toutefois à gravir la pente de l’illumination pour atteindre au bout de 2 à 5 ans le plateau de la productivité.

Mais la lecture la plus originale de la courbe 2014 est sans doute celle des technologies émergentes qui viennent juste d’arriver sur le marché. Ces technologies sont d’un genre nouveau qui va à l’évidence marquer l’avenir de notre société. Il s’agit de technologies plus versées dans le biologique et le sensoriel dans une volonté persistante du monde de la recherche et de la robotique à créer l’univers symbiotique. Des inventions projetant de donner à la machine une capacité de « sensation bioacoustique » ou d’assistance virtuelle aux personnes en incapacité, ou encore des machines capables de dialoguer à distance avec le cerveau humain (brain-computer interface) sont autant d’exemples qui confirment la volonté d’inscrire l’avenir des l’industrie numérique dans une ligne d’intelligence systémique. La courbe 2014 démontre – via des repères avancés dans sa première phase d’évolution – des exemples précurseurs comme « l’Homme augmenté », « les systèmes d’impression 3D biologique », « l’informatique affective », « les puces biologiques », etc. qui annoncent cette direction symbiotique que prendront les technologies émergentes du futur. Sommes-nous déjà à l’aube du règne des cyborgs, ces créatures issues de la fusion de l’être organique et de la machine ?  L’avenir nous le dira !

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