Les technologies NBIC

Les scientifiques envisagent depuis plusieurs décennies la possibilité d’une modification génétique humaine qui deviendrait de plus en plus crédible grâce aux développements du numérique et de la biotechnologie. Aujourd’hui encore, par le croisement entre nanotechnologie, biologie, informatique, et sciences cognitives, un domaine de recherche de pointe augure d’un changement sociétal de grande envergure : les technologies NBIC.

NBIC Quézako ?

NBIC est l’acronyme de Nanotechnologie, Biotechnologie, Technologies de l’information et sciences Cognitives. C’est actuellement l’un des termes le plus populaire pour les technologies émergentes et convergentes. Il a été introduit dans le discours public par la publication de Converging Technologies for Improvement Human Performance, rapport publié par la National Science Foundation aux États-Unis en 2002[1].

D’après ce rapport, la Nanotechnologie, regroupe l’ensemble des techniques au niveau atomique ou moléculaire. La Biotechnologie inclue l’ingénierie génétique, l’Informatique inclue ici d’une façon générale, électronique, télécommunication, robotique ou Intelligence Artificielle avec des pistes sérieuses qui pourraient conduire à de nouveaux modes de traitement de l’information comme l’ordinateur quantique, enfin, les sciences Cognitives dont l’objectif ultime est la compréhension totale du fonctionnement du cerveau humain, et pour lesquelles le décodage du génome humain devrait jouer un rôle majeur. Ces quatre voies de recherche progressent à vive allure et peuvent chacune apporter de nouvelles perspectives vers une meilleure compréhension de la vie, ou une meilleure utilisation des ressources. « Si la convergence de ces technologies est considérée comme une priorité en matière de recherche et développement [tout ceci est possible] dans les 10 ou 20 prochaines années [pour le plus grand] bénéfice de l’Humanité », expliquent les auteurs de ce rapport, jugeant qu’un « âge d’or », ou même un « tournant de l’Histoire humaine » sont plus que jamais à notre portée.

NBIC et transhumanisme numérique

Les technologies NBIC intéressent les transhumanistes pour leur potentiel de valorisation humaine, ainsi que pour les autres possibilités qu’elles ouvrent, telles que l’extension radicale de la vie.

Par définition, comme proposé par le symposium Singularity : « le transhumanisme est la croyance que la technologie peut nous permettre d’améliorer, d’augmenter et de dépasser les limites de notre biologie. Spécifiquement, des transhumanistes comme Max More, Natasha Vita-More et Ray Kurzweil pensent qu’en fusionnant l’homme et la machine grâce à la biotechnologie, les nanotechnologies moléculaires et l’intelligence artificielle, la science donnera naissance à des humains aux capacités cognitives augmentées, qui seront physiquement plus forts, émotionnellement plus solides et qui auront une espérance de vie infinie. Cette voie conduira à des êtres post-humains intelligents bien supérieurs à l’homme, presque une incarnation de Dieu.» [2]

Le transhumanisme s’est popularisé dans les années 1990 avec l’émergence du concept de « convergence NBIC ». L’idée de certains chercheurs est de mettre en synergie les nanotechnologies (N), la biologie (B), l’informatique (I) et les sciences cognitives (intelligence artificielle et sciences du cerveau) (C) afin de décupler la puissance de la recherche et permettre des avancées spectaculaires. Pour les transhumanistes, grâce aux technologies NBIC, l’homme est voué à se perfectionner en continu, modifiable jour après jour par lui-même. Aujourd’hui, Google est devenu l’un des principaux architectes de la révolution NBIC et soutient activement le transhumanisme, notamment en parrainant la Singularity University, qui forme les spécialistes des NBIC. À la tête de cet établissement, le fameux Ray Kurzweil, ingénieur en chef de Google[3]

Quel impact, quelles perspectives ?

Depuis les années 2000, des vues optimistes ont été avancées sur la convergence des nanotechnologies, des biotechnologies, des technologies de l’information et des sciences cognitives, ainsi que sur la manière dont cette convergence pourrait être utilisée pour améliorer les performances humaines. Ces idées ont été développées minutieusement et présentées dans plusieurs ‘ateliers NBIC’ aux États-Unis. En France, Laurent Alexandre, ancien médecin, reconverti comme expert en nouvelles technologies, s’est révélé comme l’un des plus visionnaires analystes des révolutions technologiques. Sa thèse « la mort de la mort », publiée en 2011, puis son livre « La guerre des intelligences » (2017) évoquent les avancées et les conséquences éthiques et sociales issues de la convergence des NBIC qui crée un ensemble d’outils puissants susceptibles d’améliorer considérablement les performances humaines et de transformer la société, la science, l’économie et l’évolution humaine en général. Pour lui, à mesure que la convergence NBIC sera mieux comprise, la possibilité que nous puissions améliorer la performance humaine dans les trois domaines de la thérapie, de l’augmentation et de l’évolution conçue deviendra anticipée et même attendue. En outre, la convergence NBIC représente des défis entièrement nouveaux pour les scientifiques, les décideurs et les dirigeants d’entreprise qui disposeront, pour la première fois, de vastes outils nouveaux et puissants pour façonner les marchés, les sociétés et les modes de vie. L’émergence de la convergence NBIC nous mettra au défi par de nouvelles façons d’équilibrer le risque et le rendement, la menace et les opportunités, la responsabilité sociale et l’avantage concurrentiel à l’aube du XXIe siècle.

En outre, les technologies NBIC présentent également des risques importants, notamment les pandémies issues de la bio-ingénierie, l’utilisation abusive de la nanotechnologie moléculaire, l’intelligence générale artificielle non amicale, une singularité ayant des conséquences négatives et d’autres risques existentiels. Des grandes figures scientifiques poussent déjà un cri d’alarme aux dangers aussi bien des NBIC que de l’Intelligence artificielle qui risque de dépasser notre capacité en tant qu’humain « normaux » à les contenir ! C’est à l’issue de la publication en 2014 de l’essai sur la superintelligence par Nick Bostrom le philosophe suédois connu pour son approche du principe anthropique et ses recherches relatives aux simulations informatiques que des nombreuses personnalités comme Stephen Hawking, Elon Musk ou Bill Gates prennent désormais régulièrement part au débat pour alerter l’opinion publique sur les risques d’une super intelligence incontrôlable. Avec des grands noms de l’intelligence artificielle et du machine learning comme Yoshua Bengio, Yann LeCun, Geoffrey Hinton, Stuart Russell, Peter Norvig, ainsi que Steve Wozniak ou Noam Chomsky, ils étaient en 2017 parmi les 8000 signataires d’une lettre ouverte  destinée aux chercheurs en robotique et intelligence artificielle, publiée sur le site du Future of Life Institute, pour rappeler les bénéfices et les écueils de l’intelligence artificielle. Le 15 juillet 2017, devant les gouverneurs des Etats américains, Elon Musk réitérait ses mises en garde contre ce qu’il qualifie de « plus grand danger pour la civilisation humaine » et appelait à mettre en place une régulation avant qu’il ne soit trop tard.

Notes

 

[2]What is Transhumanism? Singualrity Symposium, 2012  http://www.singularitysymposium.com/transhumanism.html

 

Documents consultés

 

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