La G5, pourquoi fait-elle peur ?

La cinquième génération de technologie cellulaire, la 5G, revient en force sur la scène médiatique ces derniers temps. Il s’agit du prochain grand bond en avant pour les appareils sans fil qui outre les avantages qu’on lui attribue, soulève des suspissions et des réserves non moins acerbes et virulents. En quoi la 5G diffèrent-t-elle des générations précédentes et que lui reprochent ses détracteurs ?

Alors que les enchères d’attribution des premières fréquences de la 5G ont débuté en France le 29 septembre 2020, les inquiétudes de possibles effets néfastes de la 5G ont poussé une soixantaine d’élus, dont 11 maires de grandes villes, à signer une tribune dans Le Journal de Dimanche pour exhorter le gouvernement à décider d’un moratoire sur le déploiement de la 5G, au moins jusqu’à l’été 2021. Ce à quoi Emmanuel Macron a répondu que la France allait « prendre le tournant de la 5G » malgré les réserves de la Convention citoyenne pour le climat et de 70 élus de gauche et écologistes qui se sont prononcé contre.

Le fond du débat : c’est quoi la 5G et en quoi diffère-t-elle de la 4G ?

La cinquième génération de technologie cellulaire, la 5G, est le prochain grand bond en avant pour les appareils sans fil. Cette vitesse comprend à la fois le taux que les utilisateurs mobiles peuvent télécharger des données sur leurs appareils et la latence, ou le décalage, qu’ils rencontrent entre l’envoi et la réception d’informations.

La 5G vise à fournir des débits de données 10 à 100 fois plus rapides que les réseaux 4G actuels. Pour atteindre ces vitesses, le déploiement de la 5G nécessite de nouvelles technologies et infrastructures [1]. Les utilisateurs doivent s’attendre à voir des vitesses de téléchargement de l’ordre du gigabits par seconde, bien supérieures aux dizaines de mégabits par seconde de la 4G. En d’autres termes, comparée aux précédents réseaux « G » qui utilisent des fréquences comprises entre 700 MHz et 6 GHz, le réseau 5G fonctionnera sur des fréquences comprises entre 28 et 100 GHz. Autrement, si la 4G est 10 fois plus rapide que la 3G, on s’attend à ce que la 5G soit environ 1000 fois plus rapide que la 4G.

Ce changement est important d’autant qu’il permettra de nouvelles applications qui ne sont tout simplement pas possibles aujourd’hui. En effet, avec des débits de données quantifiés en gigabits par seconde, il est désormais possible de télécharger un film sur un smartphone ou sur une tablette en quelques secondes. Ce grand de débits de données pourrait venir en faveur de technologies pointe comme la réalité virtuelle ou les voitures autonome. Ces technologies émergentes nécessiteront aussi une latence extrêmement faible, raison pour laquelle l’objectif de la 5G est d’atteindre des latences inférieures à la milliseconde. Les appareils mobiles pourront envoyer et recevoir des informations en moins d’un millième de seconde. En mettant ainsi en scène la réduction à quasiment nulle de ce qu’on appelle le temps de latence, point fort de ce réseau mobile du futur (0,01 seconde contre 0,27 seconde sur les réseaux 4G), les opérateurs télécoms ont voulu montrer que l’impensable est à portée de main : très bientôt, les chirurgiens pourront manipuler à distance des bras robotisés au-dessus d’un patient… à partir d’un simple smartphone[2]

Côté utilisateurs, la 5G doit permettre de nouveaux usages dans bien des domaines. Médias, santé, transports, entre autres, profiteront des débits jusqu’à 10 fois supérieurs à la 4G. Les téléchargements devraient par exemple être quasiment instantanés.

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Source : ARCEP, sept. 2020

La 5G est-elle dangereuse ?

Beaucoup de questions se posent quant au rayonnement magnétique que cette nouvelle technologie pourrait entraîner et ses possibles répercussions sur la santé. Les craintes entourent entre autres l’utilisation du téléphone portable et les effets possibles des radiations sur le corps humain. Bien que la 5G puisse améliorer notre vie quotidienne, certains consommateurs se sont dits préoccupés par ses risques potentiels pour la santé. Beaucoup de ces préoccupations concernent l’utilisation par la 5G du rayonnement d’ondes millimétriques d’énergie plus élevée.

Source de préoccupation

La source majeure des craintes à l’égard de la 5G est dans son rayonnement électromagnétique jugé néfaste pour la santé humaine. Bien qu’il puisse sembler que tout le monde possède ou utilise un appareil numérique – smartphone, voiture, ordinateur portable ou smart Watch – il ne se passe pas une semaine sans que les craintes de radiation des téléphones portables ne se reflètent dans le cycle de l’actualité grand public. Beaucoup de questions se posent quant à ce rayonnement magnétique que cette nouvelle technologie semble générer plus que les précédentes générations et devrait entraîner des répercussions sur la santé.

D’ailleurs, environ 250 scientifiques du monde entier ont récemment signé une pétition adressée aux Nations Unies et à l’Organisation mondiale de la santé, exprimant leur inquiétude selon laquelle « les téléphones cellulaires et sans fil [réseaux 2G, 3G et 4G]… et les antennes de diffusion », parmi d’autres appareils émettant des fréquences radio, pourraient produisent des risques de cancer en raison des ondes radioélectriques du champ électromagnétique (CEM) qu’ils produisent [3].

Mais au fait, c’est quoi ce champ électromagnétique qui fait peur autant ? Selon Coralie Lemke, dans le magazine Sciences et avenir, « Un champ magnétique apparaît lorsqu’un courant électrique circule. Son intensité varie selon la consommation d’électricité. Il existe des champs électromagnétiques partout autour de nous. Certains naissent de façon naturelle, comme lors d’un orage. D’autres sont le fruit de l’activité humaine. C’est par exemple grâce au champ électromagnétique que l’on peut observer des fractures avec les rayons X à l’hôpital » [4].

Source : Hellohelloinfo, 2017

De nombreuses études scientifiques contrôlées sur les technologies 2G, 3G et 4G ont montré que le stress, les dommages aux spermatozoïdes et aux testicules, les effets neuropsychiatriques, y compris les modifications de l’activité électrique dans le cerveau, les dommages à l’ADN cellulaire et la surcharge en calcium peuvent tous se produire chez l’homme à la suite d’une exposition à CEM [5].

Or, d’autres études, comme celle de la Commission internationale de protection contre les rayonnements non ionisants (ICNIRP), faite sur l’exposition aux fréquences électromagnétiques sur un large spectre allant de 100 kHz à 300 GHz, affirme que « le déploiement de la 5G est certifié sans danger » [6].

Selon un rapport publié le 1er septembre 2020 par le Conseil général de l’environnement et du développement durable (CGEDD), le Conseil général de l’économie (CGE), l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) et l’Inspection générale des finances (IGF), « il n’existe pas, selon le consensus des agences sanitaires nationales et internationales, d’effets néfastes avérés à court terme » concernant ces ondes électromagnétiques. Aucun effet à long terme n’a non plus été constaté [7].

Quelle perspectives ?

La 5G n’est pas seulement une mise à niveau évolutive de la génération précédente de cellulaire. C’est plutôt une technologie révolutionnaire qui éliminera les limites d’accès, de bande passante, de performances et de latence sur la connectivité dans le monde entier. La 5G a le potentiel de permettre des applications, des industries et des modèles commerciaux fondamentalement nouveaux et d’améliorer considérablement la qualité de vie dans le monde entier grâce à des cas d’utilisation sans précédent qui nécessitent des communications instantanées à haut débit, une faible latence et une connectivité massive pour les nouvelles applications mobiles, la cybersanté, les véhicules autonomes, les villes intelligentes, les maisons intelligentes et l’IoT.

Selon l’ARCEP, la 5G est une technologie qui évoluera progressivement au rythme de l’évolution des standards internationaux. Et de rajouter qu’« Une étape importante doit être franchie autour de 2022, avec la 5G dite stand alone, qui apportera des fonctions de gestion intelligente du réseau et une interactivité en temps quasi-réel. » [8]

« Des perspectives fantastiques existent dans des domaines majeurs. Il y a par exemple la possibilité d’une énergie décentralisée qui n’est pas conforme à l’idée que nous avons du système énergétique, en tout cas électrique, qui est très centralisé et très contrôlé, et se répercute dans tout l’espace européen. Il s’agirait par exemple de gérer la production, la distribution et le stockage sur la base d’une extrême réactivité, sur des plates-formes locales » [9].

Source : CIGREF, 2020

Sources utilisées

[1] T. Chiler, « 5G Network: How It Works, and Is It Dangerous? », livescience.com, juill. 17, 2019.

[2] P. Molga, « 5G : le réseau qui fait peur », Les Echos, déc. 06, 2019.

[3] EMF Scientists, « Appel international : Les scientifiques appellent à la protection contre l’exposition non ionisante des champs électromagnétiques ». [En ligne]. Disponible sur: https://www.emfscientist.org/index.php/emf-scientist-appeal.
[4] C. Lemke, « La 5G est-elle dangereuse pour la santé ? », Sciences et Avenir. https://www.sciencesetavenir.fr/high-tech/reseaux-et-telecoms/5g-et-danger-pour-la-sante-l-article-pour-tout-comprendre_135033.
[5] M. L. Pall, « Wi-Fi is an important threat to human health », Environ. Res., vol. 164, p. 405‑416, juill. 2018, doi: 10.1016/j.envres.2018.01.035.
[6] O. Belkaab, « C’est confirmé, la 5G est sans danger pour votre santé », Frandroid, mars 13, 2020. https://www.frandroid.com/telecom/683506_cest-confirme-la-5g-est-sans-danger-pour-votre-sante.
[7] C. Deluzarche, « La 5G est-elle dangereuse pour la santé, l’environnement, vos données… ? », Futura, sept. 30, 2020. https://www.futura-sciences.com/tech/actualites/communication-5g-elle-dangereuse-sante-environnement-vos-donnees-81918/.
[8] ARCEP, « Parlons 5G : toutes vos questions sur la 5G », Arcep, sept. 2020. https://www.arcep.fr/nos-sujets/parlons-5g-toutes-vos-questions-sur-la-5g.html.
[9] G. Longuet, « Perspectives technologiques ouvertes par la 5G », Sénat. https://www.senat.fr/rap/r18-188/r18-1881.html.

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