Données, informations, connaissances, savoirs

Entre données et savoirs (état de sublimation de la sagesse), le chemin est long. Une donnée contextualisée devient d’abord une information qui engendre à son tour de la connaissance. L’ensemble des connaissances produites crée alors du savoir. Ce schéma n’est pourtant pas si simple. Il implique des processus cognitifs, culturels et sociologiques aussi complexes les uns que les autres.

On sait tous que le concept de la société de l’information vieillit au passage du temps comme l’a été auparavant le concept de la société industrielle ou encore plus récemment la notion de nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) désormais démunie de son caractère novateur. Assurant la relève d’une société industrielle qui a débouché au milieu du XXe siècle sur une révolution technologique, la société de l’information prend ses marques universelles notamment après la première guerre mondiale avec l’émergence des machines informatiques « intelligentes ». A partir des années 1950, l’informatique a ensuite donné lieu à ce qui a été communément qualifié de révolution numérique à laquelle ont contribué à très grandes échelles les réseaux télématiques et téléinformatiques.

Dans le cours de la révolution numérique et du gain en performance des machines, des logiciels et des applications de toutes sortes, l’intelligence systémique est entrée dans un processus d’évolution exponentiel et continue. Des lois empiriques comme celle de Gordon Moore, établie en 1965, caractérisent d’effrénée et d’exponentielle la cadence de l’évolution de la puissance des ordinateurs et de la complexité du matériel informatique. La conséquence c’est que la machine se substitue de plus en plus à l’homme dans la réalisation de tâches et de procédures complexes. On parle désormais de nouvelles méthodes de traitement de données et de gestion de l’information fondées sur l’intelligence artificielle, les agents intelligents, la logique flou, la domotique, la réalité virtuelle, l’homme augmenté, etc. ; tous constituant des indicateurs d’une société dans laquelle les machines s’approprient et se rapprochent de plus en plus de l’intelligence humaine. L’Homme symbiotique se matérialise peu à peu.

Au rythme de cette évolution « intelligente » des outils et des systèmes, la notion de société de l’information se fait progressivement substituer par celle de la société de la connaissance qui monte en visibilité dans les débats scientifiques et culturels. La question serait de savoir où réside la différence et qu’est ce qui justifierait ce passage d’une notion d’information à une autre de connaissance. Les deux notions sont-elles pour autant interchangeables, sachant toutefois que la première représente l’utopie cybernétique du de la fin du XXe siècle et que la deuxième symbolise la chimère de la bibliothèque universelle du début du XXIe siècle ?

Avant de commenter cette différence, il faudrait sans doute commencer par définir clairement le sens de chacune des deux notions dans un enchainement épistémologique plus détaillé dans lequel Information et Connaissance s’articulent avec deux autres notions de non moindre importance : les données et le savoir. Données, information, connaissances et savoir constituent un enchainement logique qui caractérise aujourd’hui les sciences de l’information et de la communication.

DONNEES : Les données sont à la base de cet enchainement. A leur origine, elles sont de nature brute sans valeur informationnelle quelconque. Elles existent sans avoir de signification de contexte au-delà de leur propre existence. Dans le jargon informatique, une feuille de calcul commence généralement par la saisie de données desquelles une information peut ensuite être extraite. L’expression base de données traduit aussi cet état de fait, puisque les données sont sauvegardées dans un système de gestion de base de données (SGBD) en attendant d’être exploitées pour répondre à un besoin d’information ou pour générer d’autres données.

INFORMATION : L’information est quant à elle la résultante d’une exploitation de données ou de leur mise en contexte. L’information est l’ensemble de données à qui on a donné un contexte et donc un sens. Dans le jargon informatique, le résultat d’une recherche d’information se construit en croisant des données brutes selon un contexte déterminé par l’équation de la recherche. Dès lors que des données brutes et sans contexte sont croisées, elles produisent une information que l’utilisateur peut exploiter pour résoudre n problème, prendre une décision ou générer d’autre données et information.

CONNAISSANCES : La connaissance est une combinaison d’informations, d’expériences et de perspicacité qui peuvent bénéficier à l’individu comme au groupe. C’est une collection appropriée d’informations utiles issues d’un processus cognitif et déterministe. Quand quelqu’un « mémorise » des informations il acquiert des connaissances. Cette connaissance a un sens utile et pratique pour lui. Dans le jargon informatique, la plupart des applications qualifiées d’intelligentes, utilisent un certain type de connaissances stockées. C’est le cas des agents intelligents qui disposent de bases de connaissances et systèmes d’inférences, des systèmes de gestion e la connaissance (Knowlegde Management), etc.

SAGESSE : la sagesse est un processus extrapolatif, non-déterministe et non probabiliste. Il englobe tous les niveaux précédents et les transcende vers un niveau supérieur de conscience, et plus particulièrement vers des types particuliers de programmation humaine (des codes éthiques moraux, etc.). La sagesse invite à nous donner la compréhension des choses bien au-delà de la compréhension elle-même. C’est l’essence même de toute pensée philosophique. Contrairement aux trois niveaux précédents, la sagesse pose des questions auxquelles elle n’a pas de réponse et dans certains cas, à laquelle elle ne peut avoir de réponse de l’ordre de l’humain. La sagesse est un état propre à l’homme, et pour beaucoup, elle exige d’avoir une âme, car elle réside autant dans le cœur que dans l’esprit. Une âme ne sera jamais possédée par quelque chose de machinique, en d’autres termes, une âme est quelque chose qui, en général, ne sera jamais posséder une machine.

 

 

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