Anthropologie numérique : les générations technologiques

Les technologies numériques ne cessent de s’inviter dans les plus inattendus des domaines de notre société moderne avec un effet de convergence et de transparence de plus en plus banalisé. Elles usent d’un potentiel considérable de transformation qui nous conduit, selon les nouveaux anthropologues du numérique, d’une génération technologique à une autre. D’un stade de développement classé « Génération 4.0 », nous nous apprêtons à entrer dans une nouvelle série de générations classées 5.0, plus performantes, marquées d’une intelligence systémique sans précédent. Où et comment apparaissent les indicateurs de ce glissement générationnel technologique et de son impact sociétal ?

En examinant la courte histoire de notre société moderne transformée par le numérique, il est facile d’y déceler les traces d’une nouvelle forme d’anthropologie sociale faisant du numérique l’indicateur clé d’un classement générationnel de plusieurs aspects de notre société moderne. On parle par exemple de l’entrée de notre société dans la génération du Web 4.0 ou encore dans celle de l’Industrie 4.0 comme étapes historiques se distinguant des précédentes par des phénomènes de virtualisation, d’intelligence, de transformation voire de rupture. C’est à l’image, à un niveau macro-sociétal historique, du passage de la société agraire qui a prévalu plus de 9 mille ans (depuis le néolithique) à la société industrielle du 18e siècle et la révolution industrielle puis à la société de l’information et la révolution numérique du milieu du 20e siècle. À chaque étape, l’histoire des sciences et des techniques a montré que des ruptures s’opèrent et des mutations s’accumulent pour donner lieu à des innovations qui marquent le passage d’un ordre sociétal établi à un autre nouveau.

Dans les limites de la révolution du numérique (échelle micro-sociétale), qui caractérise notre société contemporaine, des formes de performance, d’intelligence, de mutation et de rupture sont également en cours de transformer la façon comment notre société est organisée et comment elle fonctionne sous l’effet d’une informatisation ubiquitaire et pervasive qui touche quasiment tous les aspects de notre cadre de vie. Dans le baromètre des sciences techniques et sociales, les mutations engendrées par l’avènement des technologies numériques sont étudiées à travers une clustérisassion générationnelle à plusieurs niveaux et à plusieurs orientations. À quoi riment ces clustérisations, quels en sont les paramètres et quels domaines touchent-elles ?

La théorie des générations technologiques

Actuellement, le domaine de la technologie et des systèmes d’information s’étend rapidement prenant des dimensions multiples. Il y a notamment la dimension sémantique (qui caractérise le Web 3.0) comprenant entre autres la déduction de données et les schémas de représentation des connaissances, mais aussi la dimension intégrative des systèmes et la dimension convergente des produits et services. Toutes ces extensions visent à fournir des systèmes d’information sémantiquement plus riches et mieux conçus qui permettent des représentations plus adéquates et complètes du monde. Elles étendent ainsi l’utilisation efficace de la technologie vers une classe plus sophistiquée d’applications. Les chercheurs et les développeurs technologiques sont convaincus que la technologie des systèmes d’information de nouvelle génération sera largement déterminée par une poignée de nouveaux concepts qu’ils doivent comprendre et élaborer en détail. Avec ces nouveaux concepts, les systèmes d’information de nouvelle génération permettent de prendre des décisions de manière autonome grâce à des données complexes en temps réel, et impliquent des capacités de collaboration et d’apprentissage, notamment grâce à l’utilisation d’agents logiciels, d’intelligence artificielle et d’objets connectés.

Cette conception de l’évolution des systèmes d’information est cadrée aujourd’hui par une « théorie des générations technologiques » traduite par les changements auxquels une industrie est confrontée et par les développements dans le temps qui modifient la façon dont les utilisateurs finaux consomment ses produits. Cette évolution des modes de consommation perturbe les procédures commerciales existantes et affecte les performances des acteurs en place, généralement en raison de l’irruption et du succès éventuel des nouveaux acteurs qui l’ont provoquée.

La théorie des générations technologiques divise l’histoire de chaque industrie en « générations », chacune étant définie par le dispositif utilisé par les consommateurs. Ce que propose la dite théorie est que lorsqu’un secteur migre d’une certaine forme d’utilisation prédominante de son produit (définie par le dispositif appliqué par les consommateurs à son utilisation, et non par le contenu utilisé), les acteurs dominants de l’ancienne génération seront remplacés par de nouveaux venus.

Le concept de génération technologique

Le concept de « génération technologique », dans son acception sociétale plutôt que technologique, a été développé par des sociologues allemands au début des années 90 pour désigner des groupes dont l’expérience conjointe avec la technologie est différenciée par le changement social. Les changements technologiques rapides, en particulier un changement de technologie de base, élargissent les différences entre groupes sociaux et augmentent la probabilité d’une perception consciente des différences générationnelles. Par leurs actions technologiques contemporaines, les hommes reproduisent ou dissolvent les générations technologiques précédentes. On le constate aujourd’hui à l’aune d’une mutation récurrent dans les modèles de nos sociétés post-industrielles marquées par un développement numérique convergent qui tend vers l’intelligence absolue.

L’intelligence artificielle, les objets connectés et les big data au cœur du processus générationnel actuel

Pendant des années, beaucoup d’entre nous ont été attentifs aux répercussions de plusieurs réalités technologiques telles que le Big Data, le cloud computing, l’IoT et l’intelligence artificielle sur de nombreuses industries, applications et domaines. Les avancées de ces technologies et leurs modes de convergence – telles que l’IA, l’IoT et les analyses de données volumineuses – ont un impact significatif sur les avancées et les enrichissements des applications de nouvelle génération. L’application de l’intelligence artificielle dans l’IdO impacte inéluctablement sur l’évolution du marché de l’IdO et ses possibilités de manière fondamentale. L’intelligence artificielle et l’analyse de données volumineuses jouent, elles aussi, un rôle déterminant dans les solutions de sécurité de la prochaine génération.

Cependant, peu importe quelle technologie évolue exactement et quelle forme d’évolution elle produit, la convergence des technologies numériques est omniprésente et il est essentiel de la considérer du point de vue de l’innovation, des objectifs et des applications de plus en plus intelligentes, dont certaines nous mènent déjà vers une cinquième génération. Plusieurs domaines s’accordent déjà à faire de l’Intelligence artificielle un catalyseur clé pour établir une généalogie qui entame son cinquième cycle de vie. Il s’agit notamment du monde du Web, de l’Industrie, des villes intelligentes et de la société en général comme cadre fédérateur de ces évolutions générationnelle.

Le billet du mois suivant fera le topo de ces mutations technologiques jusqu’au stade d’une cinquième génération qui marque déjà son territoire d’impact !

A suivre :

  • Peut-on parler déjà du Web 5.0 ?
  • Pour quand la Smart city 5.0 ?
  • Sommes-nous prêts pour une industrie 5.0 ?
  • Les japonais inventent la Société 5.0

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