Les MOOCs: est-ce de l’innovation pédagogique ?

Les MOOCs pénètrent désormais tous les niveaux du système éducatif offrant aux étudiants une liberté sans précédent pour choisir leurs cours et accéder aux meilleures ressources en matière d’éducation où qu’ils se trouvent. Mais les MOOCs sont-ils une innovation pédagogique ou juste un autre instrument de médiation des connaissances au même titre que les plates-formes FOAD ?.

Dans l’histoire des techniques, les règles de l’innovation sont très rarement attribuées à la nature de l’outil. L’Humain est au centre du processus de l’évolution. Il invente et s’approprie l’instrument, guidé en cela par un besoin instinctif de survie ou une contrainte d’usage, le conditionne et l’exploite à des fins pratiques.

Comme tout autre dispositif technique ou pédagogique, les MOOCs sont des outils facilitateurs d’évolution dans les usages et les méthodes de transmission de la connaissance. Ils ne sont pas, en eux-mêmes, des générateurs d’innovation, mais rendent possible l’introduction de procédés pouvant être innovants par le biais de l’humain. L’histoire est pleine d’exemples démontrant cette équation des rapports entre l’évolution des techniques et les besoins de transformation d’ordre sociétal ressentis par l’Homme et pour lesquels il fallait inventer des artefacts et des outils. 

Quand l’écriture a fait irruption dans l’univers de l’enseignement chez les grecs et les romains, les rhéteurs n’ont pu qu’accepter cette intrusion forcée par l’évolution technique des supports d’écriture, la dégénérescence des ars memoriae, et donc le besoin de mieux conserver la science des érudits.

Quand le Codex a remplacé la tabula et le parchemin, c’était par un besoin de disposer d’un support plus souple et mieux accessible pour lire les sciences des trivium et quadrivium. La société médiévale en a profité pour mieux dispenser les savoirs et les connaissances.

L’imprimerie, elle aussi, a fait exploser les limites de la diffusion des connaissances et a contribué, entre autres, à transformer les conditions et les règles de l’apprentissage. Le livre a permis la lecture silencieuse et l’accès individuel à la connaissance.

L’avènement du numérique a aussi transformé les règles de l’accès au savoir (temporalité et spatialité) ressentis comme nécessaires dans le sillon des transformations technologiques de l’époque. Les classes virtuelles, la visioconférence, les dispositifs pédagogiques en ligne (LMS) etc. sont tous des expressions d’une nécessité de mieux s’adapter à la déferlante technologique qui envahit tous les domaines. L’éducation et l’enseignement n’ont fait que s’y inscrire pour s’aligner à une transformation sociétale transversale.

Bref, c’est pour dire que les MOOCs – et encore moins les cours par correspondance, la numérisation des contenus ou les LMS et le tutorat – ne constituent pas une nouveauté pédagogique en soi. Ils reprennent les caractéristiques des plates-formes d’enseignement à distance qui ont mis en œuvre les principes de la pédagogique constructiviste développée bien auparavant par les psychologues comme Piaget, Vygotsky, etc.  Leur apport majeur est dans leur nom : la massification des apprentissages qui vient dans le courant d’un besoin sociétal universel de rendre accessible la connaissance au plus grand nombre de personnes n’ayant pas les moyens (ni le temps) pour suivre une formation dans aucune des formes précédentes d’apprentissage.

Les MOOCs sont de ce fait une forme de réponse à des enjeux de société conçus et définis dans d’autres projets transversaux comme « l’éducation pour tous » ou « la société des connaissances et du savoir » qui remplace progressivement la société de l’information.    

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