De l’intérrêt des normes

La normalisation est un type d’organisation spécifique très utile notamment pour l’activité industrielle en vue de répondre aux risques du marché et surtout pour tenter de fédérer des acteurs à un stade pré-concurrentiel. La normalisation est d’abord un espace où se déroule un débat national et/ou international régulé par des votes. Contrairement aux standards de fait régis par la loi du marché, la normalisation vise des consensus concertés entre États via des organismes spécialisé (ISO, CEI, IUT).

Historiquement, les instances de normalisation se sont institutionnalisées, tant au plan national qu’international pour répondre d’abord à des objectifs de sécurité mais aussi d’interopérabilité. Il est évident qu’on ne pouvait pas construire des chemins de fer si on ne disposait pas (au moins par grandes zones géographiques) de normes d’écartement des rails. On ne pouvait pas non plus distribuer du courant électrique, même à échelle réduite, si on ne disposait de composants fiables et sûrs limitant les risques d’électrocution d’où la fondation de l’IEC (International Electrotechnical Commission) en 1905 à Londres. Les produits semis finis de l’industrie métallique (poutrelles, fers plats, visserie diverse) ne pouvaient se développer et trouver des usages réellement innovant (verrières des musées, marchés ou grandes gares, ponts et grattes ciels) qu’autant qu’une instance comme Comité des forges (créé par exemple en France en 1864) leur offrait un espace institutionnel leur permettant de s’entendre en consensus en amont de leur concurrence commerciale pour définir des normes nationales (puis bien vite internationales) de dimensionnement, de sécurité, d‘interopérabilité, de qualité mécanique ou de durabilité.

De son côté la télégraphie, la téléphonie puis les télécommunications ont généré une autre instance internationale fédérant des instances nationales pour normaliser l’univers des télécommunications. Il s’agit de l’UIT (Union internationale des télécommunications/ International Telecommunication Union) a été créée en 1865 sous le nom d’Union Internationale du Télégraphe.

Le monde de la normalisation est en effet un monde complexe et procédural mais c’est grâce à ses qualités de formalisme et de contrôle d’élaboration (édition) que les normes (qui ne sont en fait que des cahiers des charges) peuvent ainsi permettre la création de produits et services, notamment numériques, qui résolvent dans la mesure du possible les questions de complexité sémiotique, de maitrise d’univocité, de possibilité de travail collaboratif à un niveau international. Le meilleur exemple de cette efficience des normes dans leur complexité inter linguistique, interprofessionnelle, inter-conceptuelle est celle de la création des composants électroniques de façon strictement normalisée dans le cadre de l’IEC qui permet cet effet souvent décrit peu explicité « la Loi de Moore ».

 

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