Les Fablabs : espoir ou mirage !?

Les Fab Labs (contraction de Fabrication Laboratory) sont un réseau mondial de laboratoires/ateliers ouverts au public avec un arsenal de machines et d’outils utilisés pour la conception et la réalisation d’objets de toutes sortes. Le concept de FabLab est né à la fin des années 90 à l’université américaine du MIT (Massachusetts Institute of Technology). Pour porter l’appellation officielle FabLab, un atelier doit nécessairement être ouvert au public, se souscrire à la Charte des FabLabs, participer activement au réseau international des FabLabs, et partager avec le reste du réseau un ensemble d’outils, de matériaux et de processus communs .

Commençons par une éloquente présentation des fablabs par le site EchoFab qui présente les Fablabs comme un phénomène qui a fait rêver plus d’un. « Le concept du Fab Lab est né à Cambridge, Massachusetts au MIT (Massachusetts Institute of Technology). Le premier Fab Lab a été lancé en 2002 par le Professeur Neil Gershenfeld. Il a été créé pour explorer et expérimenter le passage de la conception numérique vers la fabrication d’objets physiques et de son potentiel transformateur sur la société. Ainsi, l’un des vecteurs d’expérimentation était de constater l’effet de ce passage sur le mode de vie des communautés locales, plus précisément, de voir si, et potentiellement comment, une communauté peut être rendue plus créative et productive si elle a accès a une technologie localement; en d’autres termes, c’est permettre aux personnes de ne plus se restreindre à l’apprentissage abstrait des sciences et du génie, mais de pouvoir les appliquer afin de résoudre des problèmes locaux et d’exprimer son besoin de créativité.

Le Fab Lab est donc un atelier de fabrication qui met à la disposition de ses utilisateurs des machines-outils pilotées par ordinateurs, des outils traditionnels et le savoir-faire nécessaire pour les accompagner dans l’élaboration de leurs projets. Au cœur du Fab Lab, on y trouve le créateur, l’artiste, le bidouilleur ou le citoyen qui utilise cet espace mis en commun pour satisfaire un besoin ou un désir de créer. On y trouve en effet des outils révolutionnaires tels que des imprimantes 3D qui permettent de produire des objets solides en imprimant de fines couches de plastique sur une surface. On peut ainsi rapidement fabriquer un objet conceptualisé dans un logiciel de CAO (conception assistée par ordinateur). En plus de ces imprimantes dernier cri, les Fab Labs sont munis de fraiseuses permettant d’engraver divers matériaux, de découpeuses laser permettant un découpage extrêmement précis de pièces et d’équipement électronique pour fabriquer des circuits électroniques pouvant être utilisé pour réparer un appareil ou créer un robot.

Depuis, le concept du Fab Lab a connu une évolution fulgurante et s’est adapté a diverses spécificités régionales selon leurs emplacements. Certains d’entre eux se spécialisent dans l’innovation comme à l’Open City Design à Berlin ou bien au Fab Lab de Barcelone. D’autres travaillent à démocratiser et démystifier les technologies comme le mobile Fab Lab du Bronx à New York tandis que d’autres essaient d’améliorer la vie de la population en répondant aux problèmes locaux avec des matériaux locaux comme le fait le Fab Lab Afghanistan ou le ARO Fab Lab au Kenya. Enfin, d’autres viennent en aide aux entreprises en leur fournissant des services-conseils ou la possibilité de réaliser des prototypes comme le fait le Waag Fab Lab au Pays-Bas » (Source : échoFab : what is a Fablab ?).

Or, si durant une déceniie les Fablabs ont entretenu le rêve de beaucoup de jeunes entrepreneurs et alimenté leur utopie d’une émancipation productive, il n’en reste pas moins qu’une rapide analyse de la situation remet en cause cette euphorie pour les Fablabs dans la mesure où ils sont largement soutenus par des entreprises privées qu’elles considèrent comme une opportunité « de déléguer la production dans les foyers et d’ainsi d’investir encore plus profondément d’un point de vue affectif et existentiel le domaine privé.

Il s’agit aussi d’observer cette vague dans la manière dont elle se livre. On ne cesse de croiser des individus qui ont comme projet ou qui ont ouvert un fablab. Ils estiment que par un tel atelier des projets seront réalisables. Il ne s’agit aucunement de remettre en cause la bonne volonté de telles démarches et leur contemporaine nécessité, mais de porter un regard critique et distancé face à une manière de faire qui n’est pas dans le faire et qui s’enthousiasme de préparer le faire, qui en reste aux conditions de possibilités. Les machines montées permettent de « faire des choses », comme on dit, on y met donc toute son énergie. Mais la plupart du temps les projets qui ne sont que la reproduction de modèles préexistants ou développent une esthétique spectaculaire adaptée au fait de recevoir quelques « likes » mais inapte à déployer une réflexion véritablement esthétique.

On retrouve là une orientation proche de celle qui existait il y a quelques années quand beaucoup de personnes étaient obsédées par le développement de logiciels. On voyait chaque semaine de nouveaux softwares créés par des artistes-codeurs permettant de faire ceci ou cela et qui le plus souvent reproduisaient, en moins bien, des logiciels déjà existants. Ainsi, il y a eu une véritable mode pour les Max-like, « like » au sens de « comme ». L’enthousiasme était spéculatif : l’œuvre d’art étant fondée matériellement sur un logiciel, créer un logiciel s’apparentait à créer une méta-œuvre contenant des œuvres potentielles. La plupart du temps, les développeurs épuisés par la difficulté du développement de leurs logiciels n’en faisaient qu’un usage pré-critique et pré-esthétique. Formellement, les œuvres se ressemblaient alors avec leurs inévitables pixels, glitches, floculations et nuées en tout genre, leurs caractères flottants dans l’espace et autres tics pompiers de l’art dit « numérique ».

De la même façon, le fablab aspire toutes les énergies : on s’excite à l’idée d’en faire un, on trouve les financements (aidé par un discours politiquement adapté au développement équitable et durable), on achète, on monte et on teste (des nuits durant), ça marche plus ou moins, parfois ça marche, parfois ça tombe en panne. On passe son temps à réparer et à paramétrer. On remarque qu’il manque tel composant, telle machine pour enfin être prêt à… commencer. On reste dans la prétérition, on anticipe, on s’arrête, on recommence. Bref, on a fait du fablab une finalité en soi ». (Source : Makery: le média de tous les labs, Publié le 27 janvier 2015)

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